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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 19:25

Juin 2011

Plaidoyer pour le bénéfice de discussion du couple en cas d’indications discutables de césarienne

 

Mon récit relate une situation de césarienne programmée discutable. Je plaide pour que les futurs parents puissent exprimer des souhaits éclairés concertés sur les modalités de naissance de leur enfant en maternité face à une indication de césarienne programmé de « sécurité ».

 

Je m’appelle S***, cadre supérieur, enceinte de mon premier enfant à 34 ans. La grossesse se passe bien. Je suis hospitalisée semaine 34 pour des examens de contrôle car le fœtus est de petit poids estimé entre le 4ème et le 6ème percentile. Tous les examens sont bons ; tous les organes du bébé fonctionnent bien. L’obstétricien nous informe qu’il faut continuer un monitoring quotidien à domicile et une échographie de croissance tous les 15 jours.

En revanche, je ne comprends pas pourquoi un déclenchement à 39 semaines est déjà évoqué. Je demande à aller jusqu’au terme de la grossesse avec un accouchement spontané s’il n’y a pas de signe de détresse. A ce stade, je suis un peu stressée mais confiante car mon bébé est très actif et les petits bébés sont habituels dans ma famille.

Par ailleurs, le bébé est en siège décomplété mode des fesses. Cette position ne m’inquiète pas outre mesure et la maternité pratique les accouchements des sièges par voie basse ; je découvre d’ailleurs seulement à cette occasion que ce n’est plus le cas partout.

On m’annonce que mon cas va être discuté en staff. La restitution me bouleverse car les obstétriciens ont a priori décidé à la majorité d’une césarienne si le bébé reste en siège et d’un déclenchement s’il se retourne, dès que le bébé aura dépassé le stade de prématurité (semaine 37) - ou plus tôt en cas de souffrance fœtale décelée. Leur peur du risque est trop forte.

Les examens restent parfaits, le bébé continue de grossir sur sa courbe de croissance entre le 3ème et le 4ème percentile, le périmètre abdominal est évalué entre le 6ème et le 10ème percentile. Aucune pathologie n’est décelable.

A partir de ce moment, je sens décupler la pression psychologique vers la césarienne, le plus vite possible. Les demandes de justification gênent. La dernière échographie semaine 37 invite le staff à réinterroger la conduite à tenir au vu de la bonne poursuite de la croissance du bébé. J’ignore si cela a été fait …

J’habite à Paris où il faut s’inscrire en maternité au premier mois de la grossesse ce qui rend assez utopique d’en changer au neuvième mois. Il ne reste que la solution dégradée de résister dans un moment où l’on est vulnérable.  

Les trois choses qui m’ont le plus manqué sont :

-          Un obstétricien qui explique les options possibles avec leurs avantages et leurs inconvénients pour l’enfant et pour la mère, qui nous permette par des échanges d’exprimer des souhaits éclairés, de les maintenir ou de les modifier après discussion.

-          Idéalement du soutien, à défaut une non hostilité à une épreuve de travail en intégrant le risque accru de rencontrer des anomalies du rythme cardiaque fœtal durant les contractions et donc la probabilité majorée de césarienne en cours de travail.

-          D’être aiguillée pour un deuxième avis vers un autre chef de maternité ayant des critères d’acceptabilité de la voie basse plus ouverts, charge à moi de me faire admettre.

 

Pour finir, A*** est née semaine 38 + 2 jours par césarienne programmée, 2,375 kg, Agpar 10 à une minute. J’ai mal vécu l’absence de droit au bénéfice de discussion et de concertation en présence d’une indication discutable de césarienne programmée. Je suis encore traumatisée de ce que j'ai vécu comme une agression physique et psychologique. Ce plaidoyer fait partie de mon travail de deuil du désir d’enfanter naturellement.

 

Références :

  1. MODALITÉS de NAISSANCE des ENFANTS de FAIBLE POIDS (1998), CNGOF

La pauvreté de la littérature à preuves élevées sur le sujet ne permet pas d’établir le mode idéal d'accouchement des enfants de faible poids de naissance (< 2 500 grammes). Aussi les décisions cliniques peuvent être, dans certaines situations obstétricales comparables, variables d'un obstétricien à un autre, voire opposées.

Description des pratiques en France

Tableau I. Mode d'accouchement selon le poids de naissance et le terme

 

 

Mode d'accouchement

Poids de
naissance
(grammes)

Terme
(semaines)

 

Voie basse
spontanée
%

Voie basse
assistée
%

Césarienne

%

2 000-2 499

>/= 2 500

>/= 37

>/= 37

 

64,9

69,4

15

15,9

20,1

14,7

 

 

  1. Voie d'accouchement en cas de présentation du siège : la position du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (2001)

Une estimation pondérale entre 2500 et 3800 grammes à terme, le siège décomplété mode des fesses et l’acceptation de la patiente font partie des critères optimaux d'acceptabilité de la voie basse.

 

  1. Michel Odent. Césariennes : questions, effets, enjeux, alerte face à la banalisation. Editions Le Souffle d’Or (2005).
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  • : Le blog de la césarienne discutable pour rciu et siège
  • : Mon récit relate une situation de césarienne programmée discutable à la maternité des Bleuets, 75012 Paris. Je plaide pour que les futurs parents puissent exprimer des souhaits éclairés concertés sur les modalités de naissance de leur enfant en maternité face à une indication de césarienne programmé dite discutable ou de sécurité.
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